Sous
un ciel d'azur,
Par un beau matin de mai,
Je marchais d'une vive allure,
J'avais un rendez-vous, il est vrai.
Au lointain un clocher sonnait,
Il me renseignait sur l'heure.
Car pour rien au monde en retard arriverai.
Je forçais le pas, l'exactitude est
un honneur !
Bientôt j'entends la foule,
J'étais non loin de la place du marché.
Mon coeur chavira comme un bateau sur la houle,
Quand je t'aperçus, toi mon aimée
!
Tu étais là dans une robe blanche,
Derrière ton étalage, d'herbes
de provence.
J'étais heureux comme un oiseau sur
sa branche,
Doucement et discrètement, je m'avance
!
Je m'en souviens encore,
Tu m'écoutais les yeux baissés,
Balançant légèrement
ton corps,
Je n'osais trop te parler.
Face aux filles pleines de sagesse,
Il ne faut pas brusquer les évènements
!
Ne point commettre de maladresse,
Ne pas montrer son empressement !
Le secret de la réussite,
Est de trouver des expressions,
Forts convenables, si l'on espère une
suite !
Juste laisser voir un peu d'émotion.
Je t'achetais un bouquet de thym,
Du romarin, de la sauge et du laurier.
Je profitais de cet instant pour effleurer
ta main.
Pour recommencer, il n'aurait pas fallu me
prier !
De cette situation, tu parus fort amusée,
Car j'eus l'impression de déceler un
sourire,
Sur tes lèvres, qui de satin pourpre
sont ourlées !
J'eus aimé les embrasser !
Mais les convenances, freinent les ardeurs.
Un sourire proposé n'est pas une invitation
!
Il faut le prendre comme un petit bonheur,
Car du respect, il ne faut jamais en perdre
la notion !
Voilà maintenant, que chaque jour
Je viens t'acheter des herbes odorantes,
Et chercher le bon moment pour t'avouer mon
amour !
Me voici, dans une situation qui me tourmente.
L'audace n'est pas mon fort,
Je ne puis pourtant passer mon temps,
Moi qui de la vie en suis à l'aurore,
Passer le reste de mes jours à acquérir
des condiments !
A tout problème ,
Il y a une solution !
Et puis dire, je t'aime,
N'est point une révolution !
Alors ma décision étant prise,
Je me jure qu'aujourd'hui dimanche,
Je ferai ma déclaration, quelle entreprise
!
Armé de courage, je relève les
manches !
Moi: «Bonjour, je désirerais
du thym,
Du romarin, de la sauge et du laurier,
Et pour faire mon bonheur, votre main !
Surtout ne me dites pas non j'en serais contrarié,»
L'annonce est faite,
J'en attends la sentence !
Serait-ce jour de fête,
Car vers moi elle s'élance !
Elle: «Vous avez osé, enfin !
Parler vous eûtes été
si pénible ?
Nous voilà au mois de juin,
Je me suis dit, ce garçon est impossible
Car exactement, cela fait quarante jours,
Que je vous vois prendre des aromates,
Faire quelques allusions pleines de détours,
Puis repartir comme un automate »
Et bien mes aïeux
Quelle aventure !
Moi qui priais les cieux,
Pour faire d'elle mon futur !
Moi : «Oui, en effet, la timidité,
La peur de briser un espoir,
Vous voyez.... on peut se tutoyer,
Tu vois la vie est bizarre:
Quand je venais au marché,
J'avais l'impression d'avoir rendez-vous,
Je voulais toujours être le premier,
Oui, ton premier client, c'est fou!»
Elle: «Ce qui doit être fou,
Cela est, d'avoir acheté toutes ses
plantes aromatiques,
Vous avez du en mettre partout !
Un moment , je me suis dit, cela est une manie,
un tic,»
Moi : «Oh ! Mais comme tu les vends
avec leurs racines,
J'en ai replanté dans mon jardin,
Bien sur j'en ai utilisé aussi en cuisine.
Mais le potager en est plein !
Comme mon coeur,
Est plein d'amour,
Pour toi ma douceur,
Et cela pour toujours !»
Elle : «Voulez-vous...hum...veux tu
m'aider,
A remballer la marchandise ?
C'est le côté ingrat du métier.
Tiens voici en acompte une bise !»
Je sentis ses lèvres humides,
Impression d'une goutte de rosée !
Oui sur ma joue elle a osé,
Car moi, je suis pour osé, bien trop
timide.
Encore, j'avais les yeux fermés,
Qu'un deuxième baiser ressenti,
Puis un troisième plus appuyé.
J'ouvre les yeux, je suis dans mon lit !
Personne, à mes côtés,
Les baisers, gouttes de pluie !
Quelle dure réalité,
Le toit de ma cabane fuit !
Encore un de mes rêves brisé
!
Dehors il fait gris et froid,
Je vais des trous, essayer de les colmater,
Et chauffer un peu ce triste endroit.