Il est une forêt où aucun oiseau ne chante,
Où le silence est d'or.
Il y règne pourtant des senteurs enivrantes
Qui plongent lentement vers la folie.
Au coeur de cette forêt sont des portes d'airain,
Des portes aux vantaux couleur de sang
Qu'aucun jamais n'a franchi,
Car elles ouvrent sur un temple jusqu'alors interdit.
Un fol serpent d'ébène ivre d'un désir innocent
Va pourtant un jour briser les portes de sang.
Sous ses coups de boutoirs répétés, le frêle voile cède.
Dans le silence, un grand cri déchire le temps
Et le sang de la pureté s'écoule lentement.
Voici maintenant l'être au coeur du temple profané.
Péniblement il s'avance dans un long fourreau
Tapissé de velours et de pluie.
Et le voici bientôt devant un autel d'or
Où il va humblement déposer son venin de vie
Avant de se retirer épuisé par la mort soudaine de son
Désir fou.
Philippe DURAND