Avril, je t’ai vu sous le gel,
Des vols d’outardes plein ton ciel.
Leurs voix de légende et de vent
Font tressaillir le continent.
Et les bourrasques attardées
S’irisent d’aube contrastée.
Les glaces vont à la dérive,
Le fleuve danse avec ses rives.
Avril, en tes ciels concertés
S’engouffre un pan d’éternité,
D’ouest en est, un puits de lumière
Infiltre ton itinéraire.
Mais qui donc saurait mieux que toi
Ces rais qui nous laissent pantois,
Cette amplitude qui nous crée
L’abord des divines contrées !
Avril de nos matins givrés
Quand tes soleils font tout perler,
Ils ne sont qu’ivre résonance
Et psalmodie en alternance.
Dans le verger, un rameau vert
Raconte un nouvel univers
Surgi de l’onde et de la braise,
Il nous dit la vive genèse.
Avril comment sais-tu le bleu
Qu’il faut à tes ciels pour les jeux
Des mouettes ivres, translucides,
Qu’emportent tes ondoiements fluides.
Au jour venu tu dis la vie
Sur nos patiences accomplies,
Si capricieux mais envoutant,
Avril, au plus jeune du temps !
Avril qui frémit sur les joncs
Qui ne tiendront pas la saison,
Mais ils ont part à tes promesses
Avant qu’un seul d’eux disparaisse.
Bien avant l’aube de satin,
La grive au plus haut d’un sapin
A chanté : « N’attendons pas mai,
Avril, nous allons nous aimer! ».
Avril des ciels à fleur des eaux
Où tremble l’infini d’un mot
Qui dirait tout ce que nous sommes,
Un ange, un dieu, un mythe, un homme,
Un chant du souffle intemporel
Monté du cœur originel,
Révélation de la béance
Où se meut notre itinérance.
Avril, j’ai bu tes chants d’amour
En écoutant ton cœur qui sourd
Au rythme de toutes nos faims
Sur ton immuable chemin,
Tu nais plus matin que soleil,
Tu n’es plus que prime réveil,
En toi gravite l’Univers
Et ta saison fond tout hiver !
Jacqueline Dubé avril 2011