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L'aile brisée
Poème de Delcau Roinos avec son aimable autorisation.
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Ah ! Qu'il est doux de parcourir les bois,
Le printemps venu
Comment vous dire mon émoi,
Devant tant de beauté je suis ému.
Première belle saison de l'année,
Renaissance des fleurs.
Réveil de la nature paralysée,
Macrocosme en éveil.
Renouveau des senteurs enivrantes.
Comment ne pas aimer une telle merveille !
N'est ce point, même pour l'humain une époque troublante.
Continuant ma ballade,
Tout en écoutant les oiseaux,
Entamer leurs aubades,
Toujours plus fort, toujours plus haut.
Quand mon attention fût attirée,
Ma curiosité appâtée.
Près d'un taillis se tenait recroquevillé,
Un geai tremblant de peur.
En me voyant, me fit comprendre sa douleur.
Il avait une aile brisée.
Pauvre bête comme elle doit souffrir.
Alors doucement je l'ai ramassé.
Puis après un long sourire,
«Viens lui dis-je , je vais te cajoler»
«Tiens tu parles mon langage,
Ne me lâche pas» crie-t-il en voyant mon air affolé.
Rassuré la conversation j'engage.
«Dis l'oiseau tu m'as parlé»
«Oui mon ami, car tu as dit le mot clef»
Serais-je magicien ?
Où serait-ce un effet du malin ?
«Non mais sache que mon cri s'appelle cajoler !
Attends je vais te raconter !
Peut être auras tu envie d'en rigoler,
Moi même, avec mes compagnons on en a plaisanté,
Voilà mon histoire,
Sans fioritures ni bobards.
Vois tu à la fin de cet hiver,
J'étais dans la misère,
Pour tout te dire un clochard !
Qui n'avait pour logis que le trottoir.
J'avais faim et froid l'hiver venu
Quand j'ai rencontré ce vieillard,
Qui par son idiome m'a plu.
Il proposa à mes malheurs de surseoir !»
«Si tu veux je te changerai,
En pigeon ou en geai»
Me dit il, j'ai longuement réfléchi,
Je préfère être un oiseau migrateur
Voilà, telle en est mon envie
Et aussitôt, il me changea en geai pour mon bonheur
Mais voilà une fois mon voeu exaucé,
Il a disparu, à un détail il n'avait pensé,
Par cet hiver rigoureux que je venais de passer,
Un soir je glissai et mon bras je me suis cassé !
Et à présent je suis un oiseau avec une aile brisée !
Crois moi j'étais encore plus désespéré,
J'ai failli être croqué par des chats !
Je croyais ma dernière heure arrivée, Oh ! La ! La !
Quand dans un ultime effort,
J'ai réusssi à sauter.
Avais-je eu tort ?
Mais, d'extrême justesse sur une voiture,
Et sur la galerie j'étais agrippé.
Fait du hasard, peut être,
Mais le chauffeur pénétra dans le bois,
J'en profitais pour sauter près de ce hêtre !
Là où tu as entendu mes cris de désarroi.
L'homme qui sans le savoir m'a conduit,
N'était autre que le garde forestier.
Mais avec le choc, je me suis évanoui,
Heureusement je suis encore à peu près entier !
Et me voilà à présent en sécurité.
Entre tes mains me voilà sauvé.
Le vieillard m'avait dit,
Si quelqu'un prononce le mot «cajoler»
Alors tu retrouveras des facultés d'humain en partie !
C'est commme cela que nous pouvons converser !
«Tout ceci me semble insensé,
Mais bon je vais te conduire chez le vétérinaire,
Qui soignera ton aile afin que tu puisses reprendre l'air».
Et nous voilà partis
Comme de vieux amis !
Arrivé devant le cabinet vétérinaire,
Le piaf reprit de plus belle.
«Attention devant lui, il faudra se taire,
Autrement à Charenton tout de suite il appelle »
J'entre.
«Bonjour monsieur»
Il à l'air gentil et gracieux.
«Je vous apporte ce pauvre moineau,
Il a une aile brisée et ce n'est pas beau !»
«Bien nous allons voir cela !
Ne vous inquiétez pas,
Dans quinze jours au plus, il revolera !
Vous n'avez qu'à passer,
Il sera en pleine forme je peux vous l'assurer !
Au bout d'une semaine,
N'y tenant plus.
Trop long est pour moi une quinzaine !
J'étais donc,déjà revenu.
Me voyant entrer, il eut un sursaut.
«Ah ! Mon cher, il est parti votre oiseau,
En lui changeant son pansement,
Tout d'un coup il est passé par la fenêtre,
Je suis sorti dans la rue demander aux passants,
Mais personne ne l'a vu disparaître !
Cela peut vous paraître étonnant,
Mais il ne pouvait pourtant à peine voler !
Vous pouvez demander à mon nouvel assistant,
Un jeune homme que j'ai bousculé
Et qui se trouvait juste devant l'ouverture
C'est d'ailleurs suite à cela que je l'ai embauché,
Depuis le temps que je cherchais un jeune à former.
Vous parlez d'une aventure,
Je perds un volatile
Et je trouve un apprenti, qui me sera bien utile !
Enfin pour l'instant il est blessé,
Car en le bousculant je l'ai fait tomber,
Et un bras il s'est cassé !»
«Tient cela me rappelle quelque chose,
Je lui dirai bien de le cajoler, mais je n'ose !»

FIN


DELCAU Roinos

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